
L’ascension fulgurante du Basket Catalan Perpignan Méditerranée pourrait être finalement bien plus longue que sa chute. Fin mai, la Commission de Contrôle et de Gestion de la LFB a rétrogradé le club en division régionale. Depuis, les joueuses sous contrat sont depuis dans le flou total. Clémentine Samson (1m81, 21 ans) connaît bien le club pour y avoir joué ces deux dernières saisons. La Choletaise nous livre son vécu.
Comment allez-vous tout d’abord ?
Ça va très bien ! Pour les vacances je suis rentrée chez mes parents à Cholet. Je m’entraîne pour être prête pour la saison prochaine. Je navigue encore pas mal entre Perpignan et Cholet. A Cholet c’est un peu compliqué car je n’ai pas de salle donc on s’entretient surtout physiquement. Quand je vais à Perpignan je bosse avec le préparateur physique à la salle du club.
Comment vivez-vous la situation du club ?
Ce n’est pas facile du tout cet intersaison. On est dans l’attente depuis la fin du championnat. Et encore moi j’étais sur le départ de Perpignan, et je cherchais autre chose. Ça fait deux mois que les décisions sont repoussées même si pour moi ça changeait pas grand-chose. Ça m’embête pour le club parce que c’est un club auquel j’étais vraiment attachée. C’est très décevant.
Vous avez encore des contacts avec les autres joueuses ?
Oui, oui ! On était un super groupe alors c’est encore plus décevant. On se retrouve toute séparée un peu partout. Il y en a certaines qui attendent toujours la décision finale. Le groupe ne vit vraiment pas bien ça. Il y a deux mois tout était encore beau, on avait fini quatrième, on avait fait une superbe saison. Donc voilà c’est chiant. On n’imaginait pas que ça aller en arriver là.
Est-ce que vous étiez au courant de tout ça ? Vous avez connu des retards de paiement dans vos salaires.
En effet on ne s’en rend pas vraiment compte. Il y a eu des petits retards de salaire dès janvier, ça fait bizarre mais au final on était toujours payées. Après c’était inquiétant parce qu’il y avait chaque mois du retard donc tu te dis, il y a un truc qui ne va pas. Mais on nous disait toujours qu’il n’y avait pas de problèmes, que c’était des histoires de subventions. Donc on ne se pose pas trop de questions. C’est plus en fin de saison quand la situation a empiré au niveau du mois de mars, qu’on a commencé à s’interroger. Mais on nous répétait qu’on ferait une coupe d’Europe et tout ça. Et puis après la FFBB a demandé un dossier, là ça devenait chaud. Je n’y croyais plus trop.
Le club était un club très familial. La nouvelle a été très mal vécues par certaines personnes non ?
C’est vrai que c’était vraiment très familial, même avec les dirigeants tout le monde s’entendait super bien. Mais là avec la situation, ça a créé des tensions. Il y en a qui ont été très déçus parce qu’on nous a toujours soutenu qu’il n’y avait pas de problèmes. Je pense notamment à des joueuses qui ont eu des propositions et qu’ils les ont refusées pour rester à Perpignan parce qu’il y avait la Coupe d’Europe, une superbe ambiance…
Il y a quand une forme de démesure entre finir quatrième, se qualifier pour une Coupe d’Europe et se retrouver à la porte du jour au lendemain.
Oui c’est sûr. Je me dis que peut être on aurait dû revoir les objectifs à la baisse et assurer un maintien tranquille. J’ai du mal à l’expliquer mais peut être que le club a été trop vite et du coup ça n’a pas suivi derrière. On avait fait deux saisons magiques avec la montée, le titre et là c’est comme si tout disparaissait d’un coup.
Revenons sur le côté sportif. Vous, à 20 ans, comment vous avez vécu ce passage en Ligue Féminine ?
Déjà depuis deux ans on avait la chance d’avoir un super coach. Un grand entraîneur. Donc dès la saison dernière il nous préparait déjà un peu à la LFB. Après il y a des joueuses d’expérience qui sont arrivées avec qui on a été très rapidement à l’aise. Bon, pour moi, après c’était très impressionnant. Quand en début de saison à l’Open tu vois les grandes joueuses… Je n’en revenais pas d’être là. C’est génial même si ça fait bizarre sur le coup.
Et l’engouement vous avez aimé ? Vous qui venait de Cholet, terre de basket par excellence.
Franchement j’ai été agréablement surprise. On me disait que dans le Sud c’était beaucoup rugby pas trop basket et c’est vrai tout le monde est fou de rugby. Mais sur les deux dernières années il y a eu quelque chose. Les gens venaient et j’ai vraiment trouvé qu’il y avait une place pour le basket à Perpignan. C’est d’autant plus dommage quand on voit la situation actuelle.
Et alors cette première saison au top niveau, c’était comment ?
Personnellement ce n’était pas facile. On était un groupe assez étoffé (11 joueuses). Moi c’était ma première saison en Ligue donc forcément je n’avais pas trop d’expérience. Je n’avais pas trop ma chance non plus avec un groupe élargi comme ça. On était trois sur mon poste donc ça fait pas beaucoup de temps de jeu derrière. Mais j’ai continué à m’accrocher, je me suis dis que ce genre de saison pouvait me rendre plus forte. Comme je ne jouais pas beaucoup, je m’entraînais plus.
Pensiez-vous que la marche était aussi haute ?
Oui je m’en doutais un peu et puis j’avais vu sur les matchs amicaux que ce n’était pas la même chose. Après ce n’est pas facile de rentrer et de devoir faire ses preuves sur 5 minutes. Il y a une forme de pression supplémentaire. J’ai envie de garder aussi tout le positif de la saison. On a fait un super truc, le groupe était top. Ça donne envie de rester à ce niveau.
Justement, c’est quoi la suite pour vous ?
Moi mon objectif c’est de rester en Ligue Féminine. Ça devrait pouvoir se faire. J’espère trouver une équipe avec qui j’aurai plus de temps de jeu pour pouvoir faire mes preuves. C’est quand on joue qu’on apprend. C’est vraiment ça l’objectif pour la saison prochaine. Il faut que je me fasse ma place en Ligue Féminine. Et le temps de jeu c’est ça qui a principalement joué dans ma décision.
Et le marché français, il est comment ?
Je remarque qu’il y a beaucoup de club en difficulté. Beaucoup demande de revoir son salaire à la baisse. Personnellement ce n’est pas mon problème parce que je ne demande pas énormément d’argent (rires). Mon but c’est de jouer surtout à mon âge.
Pour une jeune joueuse comme vous, comment on perçoit les très belles performances de l’équipe de France (entretien réalisé avec la finale) ?
Ça fait plaisir. Elles ont encore répondu présentes après les JO. Je suis allée les voir plusieurs fois pendant l’Euro et quand je vois l’ambiance je trouve ça super. Elles font rêver tout le monde forcément. J’espère que ça va changer des choses, médiatiser le basket féminin.